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Tout le monde des Andes...
28 février 2006

Escapade dans l'hémisphère Nord

Jeudi 23 . II . 06 – Otavalo

Trop lourds, les sacs restent à l'hôtel. Seuls les petits nous accompagnent, avec le minimum nécessaire (c'est pas désagréable de voyager léger) : quelques bouquins, la brosse à dent, le pyjama, le PQ, la serviette, ah non... elle sèche toujours dans le bus Baños – Quito. L'appareil photo est là mais les piles nous causent des soucis. Les prises équatoriennes délivrent du 110 V. Le chargeur charge, charge, charge encore... Il n'en finit pas de charger des piles qui demeurent éternellement vides.

Avant de partir, nous avons tenté d'échanger notre pavé “Lonely Planet South America”, maintenant inutile. Nous trouvons notre bonheur (Lonely Planet Central America) dans une petite boutique de Gringolandia. Sauf que le cerbère qui tient le magasin ne veut pas le lacher. La mégère est catégorique : soit on raque 20 $ soit on s'casse. J'ouvre les négociations, qu'elle referme aussi sec au prétexte que notre guide est en mauvais état (il est juste un peu cassé à la reliure...) Sa dernière offre sera : notre guide + 10 $ contre son fichu bouquin. On lache l'affaire énervés par sa cupidité.


Trois heures plus tard, Otavalo. Nous nous posons à l'hôtel Runa Pacha (12 $ la double avec sdb et tv) et attaquons la visite de la ville célèbre pour son marché du samedi. Chaque village des alentours est spécialisé dans un type d'artisanat : ici on fabrique des ponchos, là des chapeaux, ailleurs des chompas (pull en laine), des tapis, de la maroquinerie,...


Nous ne savons pas encore si nous achèterons (ou plutôt devrai-je écrire : nous ne savons pas encore ce que nous achèterons) mais au – cas – où, nous préférons nous renseigner sur les prix et la qualité, histoire de ne pas nous faire bouffer le porte – monnaie à la sauce gringo par un vendeur peu scrupuleux (un pléonasme...?) ni ramener du faux véritablement confectionné en Asie. Tant qu'à dépenser nos sous, on aimerait le faire le moins stupidement possible, voir même intelligemment... Le Routard (quoi?! Oui, nous continuons à l'utiliser malgré nos déboires. Que voulez – vous, on s'attache...) le routard, donc, nous oriente vers une agence qui organise des tours d'une demi – journée chez les producteurs de la région. Zulay Tour, 16 $ /p, on tente.


On commence la prospection sur le marché d'artisanat permanent de la Plaza de los ponchos. La déambulation parmi les étals nous mène en bordure de la place où se déroule une partie de “pelotas”. Sur un terrain rectangulaire d'environ 6m de large sur une cinquantaine de mètres de lon, des joueurs de tous âges se renvoient une petite balle noire de caoutchouc très dur en la frappant avec la paume de la main. On regarde. Des joueurs entrent, d'autres sortent, certains changent de côté: Il ne semble pas y avoir de camps... Malgré nos efforts pour décoder le jeu nous ne parvenons pas à associer les déplacements de la balle à ceux des joueurs. Nous restons fascinés par la chorégraphie anarchique des hommes qui frappent violemment la balle pour la renvoyer à l'autre bout du terrain. C'est comme un spectacle de danse contemporaine : on comprend pas tout mais c'est beau.


Plus tard, au café Sol y Luna, nous dégotons le guide sur l'Amérique Centrale. Le patron accepte l'échange sans problème. Nous voilà armés pour préparer la suite du voyage.


Vendredi 24 . II . 06 – Où le budget déjà mal en point voit son état empirer


7 h 00, mauvaise surprise au saut du lit (enfin... du saut.... de la chute du lit) Y'a pas d'eau chaude ! Je demande au gérant. Il me répond qu'il faut patienter, elle va arriver. On attend. La douche coule depuis 15 minutes et pas l'ombre de la trace de la moindre parcelle de chaleur. 10 minutes de plus et elle n'est toujours pas là, elle a dû se perdre en chemin ou il lui est arrivé quelque chose. J'imagine le pire... Il faut sauver l'eau chaude... HELP ! Encore une poignée de minutes et la cruelle réalité s'immisce dans mon cerveau ensommeillé : elle ne viendra pas. Pas ici en tout cas. On remballe nos affaires au quart de tour en maudissant ce putain d'hôtel (12 $ et pas d'eau chaude, faut pas déconner !) et on se barre sans demander notre reste. (On a payé hier... Vous n'aviez tout de même pas cru que nous eussions pu partir sans régler la note...? si ?)


Le temps de poser nos sacs à l'hôtel Geranio (elle se cachait ici), 4$ /p, chambre double avec sdb, d'avaler un petit dèj' et nous sommes devant l'agence à l'heure convenue. (8h30)

Tereza nous emmène dans son taxi avec deux autres touristes (d'Afrique du sud et de nouvelle Zélande, ils ne parlent pas espagnol...)


1er arrêt sur les hauteurs d'Otavalo. Une cahute misérable abrite deux couples. Les hommes tressent des lamelles de bambou en petites boîtes gigognes. Ils sont tous plus ou moins handicapés mentaux à cause de la consanguinité. Apparemment, les communautés de chaque village ne se sont pas mélangées depuis longtemps. Autour de la masure, le paysage est parsemé d'immenses baraques inhabitées, construites avec l'argent envoyé par les émigrés qui triment en Espagne et aux USA.


2ème arrêt dans un village qui travaille la laine. Nous nous faufilons à travers le maïs d'un champ qui entoure une minuscule cabane où une vieille femme carde puis file la laine. Un nuage de mouches flotte sous le auvent. Dans un coin mijote une soupe de maïs sur un feu d'eucalyptus. Je m'essaye au cardage sous le regard amusé de la fileuse qui ne parle que Quechua.

Un peu plus loin, dans l'arrière cour d'une grande bâtisse nous rencontrons les tricoteurs. 18 heures par jour et 5 jours par semaine, les six membres de la famille, hommes et femmes, manient les aiguilles. Nous discutons avec un jeune qui tricote plus vite que son ombre. Impossible de voir ses mains, elles bougent trop vite. Il fabrique 2 chompas par jour et travaille depuis 15 ans. Il a 20 ans.

La famille ne descend pas sur le marché du samedi : ce serait un jour de production en moins et ils nous expliquent que les taxes pour avoir un emplacement sont élevées. Ils vendent aux touristes qui passent et à des grossistes. Le pull coûte 10 $ chez eux, son prix a doublé sur le marché.


3ème arrêt : les tisseurs de Sisal.

La plante produit de longues fibres blanches qui sont cardées en étant frappées sur de petites planches à gros clous. Elles sont colorées puis filées et enroulées par les femmes et les enfants sur de grosses bobines animées par des moteurs. Les hommes travaillent sur des métiers à tisser pour produire une sorte de toile de jute.


4ème arrêt : les tapis.

Ils sont magnifiques, pas très chers. Trop lourds et trops volumineux pour nos dos.


5ème arrêt : les ponchos.

Un vieillard tisse une capuche que sa femme assemblera au reste du vêtement. Il leur faut 15 jours pour fabriquer un poncho qu'ils vendent 70 $ à un intermédiaire. Revendu 240 $ sur le marché, c'est encore une fois celui qui bosse le plus qui gagne le moins...


6ème arrêt : les chapeaux.

Je vous épargne les étapes de fabrication, longues et nombreuses. La jeune fille qui nous les explique ajoute qu'ils sont la dernière famille équatorienne à assurer tout le processus. La production émet des poussières de laine cancérigènes et les autres familles ont abandonné certaines étapes trop dangereuses pour la santé.


Midi, retour à Otavalo. Nous avalons une poignée d'empañadas avant d'aller à Cotacachi en bus. Le village est spécialisé dans le travail du cuir. Nous trouvons des vestes superbes. Elles coûtent la peau des pieds (on a déjà vendu celle des couilles et du cul...) mais tellement moins qu'en France. On n'en a absolument pas besoin mais elles sont vraiment belles. Long débat pour / contre qui s'achève dans un bain de dollars : 160 pour les deux morceaux de cuir. Un demi salaire mensuel équatorien.


Samedi 25 . II . 06 – Le Marché


La ville subit une double invasion : les commerçant d'abord puis les touristes. Toutes les rues débordent de marchandises : à un bout de la ville l'alimentaire, à l'autre l'artisanat, et entre les deux tout un capharnaüm de merdouilles made-in-china. On s'imprègne de l'agitation des couleurs et des odeurs.

La folie d'hier freine considérablement (c'est peut être pas l'adverde approprié, significativement ? Grandement ? Beaucoup ? Un peu ? Légèrement ? Au diable l'adverde et l'avarice avec...) Elle freine, donc, nos dépenses. Deux pantalons (8$), deux chemisiers (10$) et un grand sac en laine pour tout transporter. Mais pas de tapis, on a tenu bon. Avec les deux chompas (20$), les petits sacs (9$), quelques babioles (15$) et les vestes (160 $) notre séjour à Otavalo nous aura coûté (hors hôtels et repas) la jolie, pour ne pas écrire coquette, somme de.... vous avez fait le calcul ?

picture_162

L'heure des économies a sonné. Aprés l'orgie on va devoir jeûner si on ne veut pas rentrer en France dans le rouge. Vif. Et pour commencer cette réduction de train de vie nous allons payer 31,60 $ de taxe d'aéroport au lieu de 25. Elle n'a pas bougé depuis 1988 alors ils ont décidé de l'augmenter à compter du... 1er mars. Eh oui (pour ceux qui suivent) c'est bien ce jour là que nous nous envolons vers le Panama. Nous serons donc les premiers chanceux à bénéficier de cette nouvelle taxe. On est content comme c'est pas imaginable !


En attendant, nous avons rejoins Quito où nous attendait une amie, fidèle et humide compagne de voyage qui nous a accueilli dans ses grands bras mouillés. On espère que la Lluvia n'aura pas les moyens de prendre l'avion jusqu'au Panama et qu'on pourra enfin y sécher tranquille.


On profite des derniers jours équatoriens pour préparer doucement l'ébauche d'un itinéraire en Amérique Centrale. L'équation n'est pas simple et les inconnues nombreuses :


Itinéraire = [(Choses à faire et à voir x météo) / (calendrier + argent) x (rencontres / découvertes)] + envies


Pour l'instant on s'informe, après on verra... ou pas...

De toute façon, y'a pas grand chose d'autre à faire à Quito en ce moment. Tout est fermé pour le carnaval. L'Amérique entière vibre de musique et de danses... Toute l'Amérique ? Non ! À Quito, rien ! Bien joué les touristes...


Un dimanche et un lundi calmes dans les cafés pour écrire, relire, corriger, compléter...bouquiner, rêvasser...

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